Nos expériences en développement
Nos expériences en projets de développement sont multiples et venues en complément des programmes d’Education, de Formation et de Santé pour ouvrir les voies du développement et de changement des conditions de vie de la population. Malheureusement les conditions socio politique du pays, les multiples contraintes rencontrées et le manque de financement ou de leur continuité n’ont pas permis une pérennité de ces actions.
Elevage de poules
Notre première expérience fut le fonctionnement d’un poulailler situé à Lilavois, Croix des Bouquets, destiné à l’amélioration de la cantine des écoles. Trois poulaillers, sur environ 600 m², dépôts et chambre de gardien ont été construits. Deux poulaillers étaient destinés aux poulets de chair, l’autre aux poules pondeuses.
Les poulets de chair sont achetés, petit poussin d’un jour, et prêts à vendre en 6 à 7 semaines. Avec un temps de nettoyage et désinfection, le cycle de ces poulets de chair est de 2 mois. Le cycle de chacun des deux poulaillers d’environ 1500 poulets chaque, étaient décalé d’un mois afin d’avoir des poulets prêts à vendre chaque mois avec une déperdition d’environ 6 à 8 %.
Le troisième poulailler abritait 1000 poules pondeuses. Les poulettes sont achetées prêtes à pondre (environ 17 semaines) et produisent une moyenne de 380 œufs sur une période de 16 mois environ.
La nourriture tout préparée est différente selon l’âge de grossissement des poussins et poulets ainsi que pour les poules pondeuses. Les poulets sont généralement livrés à des commerçantes alors que les œufs ramassés du jour sont vendus à des supermarchés, des organismes ou encore à des commerçantes.
La production est assez facile bien que demandant des soins attentifs et contrôles réguliers. Les coûts de production sont assez élevés comprenant la nourriture (le plus gros poste), l’achat des poussins ou poulettes, les médicaments, matériels et la gestion du centre. Mais un poulailler bien mené est relativement rentable.
Ce poulailler a fonctionné de 1996 à 1999, avec le soutien par la suite d’un expatrié.
Projet pêche de Jacmel
A partir de 2000, où une grande partie des activités de Port-au-Prince ont été fermées ou réduites, nous avons mis sur pied des projets générateurs de revenus dont ce projet de pêche à Jacmel où Denis passait alors une bonne partie de son temps. Ce projet a démarré en 2001, avec la Coopération française et du matériel de pêche envoyé par l’Association française « Le sillage », et la collaboration d’un pêcheur de Cyvadier, Sonson.
Son objectif est le développement de la pêche et secondairement de dégager des revenus pour le fonctionnement de l’école. Les objectifs secondaires étaient de créer des emplois, le regroupement des pêcheurs en coopérative, la formation, la sécurité en mer, le respect de la flore et faune maritime, de l’environnement, le développement technologique des techniques de pêche, les infrastructures et la conservation des produits de la mer.
Une équipe de sept personnes se rattachait au projet. La pêche en Haïti reste très traditionnelle : canot ou coralin, moteur, filets de pêche, trémails ou filet simple, casiers, pluvier, seine à sardines, palans, pêche avec lignes de hauts fonds, pêche à la traîne. Avec un congélateur, nous alimentions une réserve de produits de mer qui sont ensuite revendus soit à des marchandes locales, des restaurants ou bien acheminés sur Port-au-Prince en glacières.
Les jours de mauvais temps en mer sont nombreux, pays de tempêtes tropicales régulières, permettant les nombreux ravaudages des filets, souvent endommagés par les coraux et la préparation de nouveaux filets. La pêche reste difficile à cause du temps aléatoire, peu de plateaux continentaux, coraux nombreux déchirant les filets, eaux côtières subissant de fortes dégradations dues aux érosions provoquées par les pluies torrentielles, absence de magasins spécialisés, individualisme des pêcheurs attachés aux traditions, difficultés des communications et dégradation socioéconomique et politique du pays.
Les principaux produits de mer de la région du Sud-est sont les carengues, thons, bonites, thazars, requins, raies, soles, sardines, congres, poissons blancs et roses, langoustes, crevettes, crabes et lambis, dont les prix sont très variés. La pêche se pratique sur toute la côte du Sud-est, de Bainet à Anse à Pitre et nécessite des déplacements durables de base en base, escales dans les ports comme Marigot et Belle-Anse.
La dégradation sociopolitique du pays à partir de 2004, aggravée par une saison cyclonique intense en 2004-2008, ont empêché le projet de se dérouler convenablement. Cette expérience a été également très intense en menant une vie simple et rude.
Il faudrait cependant pour améliorer ces conditions, envisager d’autres structures pour un développement réel et pérenne de la pêche, tels que :
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Un parc de bateaux de pêche semi-hauturières ou petits chalutiers,
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Création de bases de pêche en haute mer,
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Création de poissonneries pour la conservation et la vente des produit
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Des magasins spécialisés en matériels de pêche,
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Organisation de Coopératives de pêcheurs.
A cette même époque, à la fin de 2000, nous avons lancé avec des amis haïtiens, la Fondation Terra Viva, à Jacmel, avec les objectifs de contribuer à l’amélioration de la vie économique et sanitaire de la population dans une perspective de développement durable.
Les domaines d’intervention sont l’éducation, la formation, la santé, la pêche, la culture et le tourisme alternatif. Le projet de pêche en a été le principal projet, prévoyant la mise en place d’une coopérative pour la conservation et l’écoulement des produits de mer.
Expérience bateau de pêche et transport
Une expérience de pêche a d'abord eu lieu, au Centre de La Plaine, avec deux anciens pêcheurs français bénévoles de l'association "Le sillage" a eu lieu durant quelques mois avec quelques jeunes de l'école Saint-Alphonse. Un petit bateau de pêche était basé à quelques kilomètres sur le littoral au Nord.
Ensuite, nous avons mis sur pied en 2008/09 un projet d’exploitation des produits de la mer avec un capitaine haïtien formé à Cuba, Nazer Beaubrun.
Un bateau nommé « la Marie Aimée », loué à un canadien, a été aménagé pour recueillir les produits de mer en soute. Ce bateau a ensuite assuré des transports de passagers de Port-au-Prince à Anse d’Hainaut (Grande Anse). Sur le trajet du retour, des produits de mer sont pêchés ou achetés à des pêcheurs ou coopératives dans les ports, notamment à Dame-Marie, pour être revendus à Port-au-Prince dans des marchés, supermarchés, restaurants, particuliers ou coopératives.
Cette expérience qui a duré environ une année a permis de connaitre toute la côte sud, de Port-au-Prince à Tiburon et côtoyer le monde des pêcheurs et entreprises.
Ferme piscicole de Thomazeau
Ce projet d’élevage de tilapias nous tenait à cœur à SOS Enfants et Denis.
Nous avons démarré en 2007 ce projet, nommé « Le tilapia pour vaincre la malnutrition en Haïti », à Thomazeau, à 20 km de Port-au-Prince, sur les bords de l’étang saumâtre ou lac Azuei, avec un premier financement de l’association française Enfants Soleil.
L’objectif de ce projet, mené par Aproped, association haïtienne dont Denis en est l’Administrateur, est de combattre la malnutrition avec la production de protéines animales, en partie destinée aux cantines des E.S.A, de diffuser les techniques d’élevage piscicole viable et rentable, de participer à la relance de la production nationale piscicole et de créer des emplois.
La première phase a débutée en juillet 2009, avec l’aménagement du site et la fouille des premiers bassins. La ferme comprenait en 2009, douze bassins de 300 et 400 m² et quatre plus petits, un bassin en béton sur la berge pour la production d’alevins, une maison équipée pour logements et dépôt, des activités maraîchères et d’élevage pour la production de nourriture et de fumier pour la fertilisation des bassins.
L’élevage de poissons, simple de principe, devient plus compliqué pour une exploitation rentable, régulière et durable. L’élevage piscicole est une source fondamentale de protéines à des coûts raisonnables. L’élevage doit comprendre plusieurs bassins de différentes dimensions pour les différentes phases de production et de grossissement. Des bassins en béton, de petites dimensions font office d’écloserie pour la production d’alevins. A cette fin, des poissons reproducteurs (3 femelles pour 1 mâle) sont placés dans un bassin de reproduction à raison de un par m². Les larves sont récoltées à l’aide d’épuisettes et placées dans un bassin d’alevinage peu profond pour une durée de 1 mois, jusqu’à un poids de 5g. Ces alevins, devenus fingerlings sont placés dans un autre bassin en béton, peu profond pendant deux mois, jusqu’à un poids de 30 g, à raison de 30 par m².
Les bassins de grossissement de 300 ou 400 m² reçoivent ces fingerlings de 30 g pour un grossissement maximum avec une densité de 4/m² sur une période de 5 mois. Pour un élevage de qualité, durable et de qualité, cela suppose un certain nombre de bassins d’alevinage puis de grossissement pour échelonner une production régulière et mensuelle. Les bassins de grossissement ont 2 mises en charge par an avec une période de nettoyage entre deux.
Les tilapias femelles, en maturité à 3 à 4 mois, sont très prolifiques et peuvent pondre jusqu’à 2000 œufs chaque cinq semaines. Ce poisson est très résistant, se nourrit de tout déchet organique, possède une grande valeur protéinique. Les femelles ne peuvent cependant pas grossir durant la période d’incubation buccale. Il est donc recommandé d’opérer un tri des fingerlings pour ne conserver que les mâles pour le grossissement.
Les bassins doivent être fertilisés avec du compost, pour l’alimentation des poissons. Un contrôle de la qualité de l’eau qui doit être régulièrement renouvelée, est très important. Les récoltes se font à l’aide de filets en diminuant le niveau de l’eau.
Une combinaison de pisciculture, cultures vivrières et élevage dynamise la production et crée de nombreux emplois de même que la commercialisation. Ces activités impliquent de nombreux travaux et donc d’emplois : la fouille des bassins, l’aménagement des berges, les cultures maraîchères, les constructions, la construction d’un barrage pour la régulation des eaux, les canaux d’approvisionnement, de vidange et d’irrigation, les élevages, la gestion et le contrôle régulier, les pêches, …
La proximité de l’étang saumâtre nous a donné la surprise en trois occasions de la présence de caïmans dans les bassins de grossissement. Après les avoir récupérés à l’aide des filets, ils ont été transportés au MARNDR, Ministère de l’Agriculture qui en avait fait la demande.
Les cyclones répétitifs de 2008 ont favorisé une montée des eaux de l’étang régulières, aggravées par le tremblement de terre de janvier 2010. Elles ont entraîné une salinisation des terrains empêchant les cultures maraîchères et une montée progressive des eaux des bassins. Nous avons vainement essayé, des mois durant, de lutter avec la formation de digues avec des sacs de terre.
Les eaux continuant inexorablement de monter, il a été malheureusement impossible de continuer ce projet piscicole.
Montage projet Tenta
Durant cette période de séisme de 2010, ayant fait près de 300,000 morts et disparus, plus de 300,000 blessés et plus d’un million de sans-abris, les camps de tente provisoires se sont multipliés dans tous les quartier de Port-au-Prince.
Nous avons réfléchi avec une Entreprise canadienne, Tenta, avec un petit groupe d’agronomes et d’ingénieurs et travaillé sur un projet de village intégré pour l’accueil de plusieurs milliers de familles sans-abris.
Pendant plusieurs mois, nous avons travaillé sur les plans d’un village intégré comprenant écoles, commerces, marchés, installations sportives avec une partie agro-industrielle pour créer de nombreux emplois et une dynamique communautaire. Des recherches actives ont été faites pour la recherche de terrains disponibles et adéquats pour le village.
Nous avons notamment travaillé avec les agronomes sur la partie agro-industrie comprenant des hectares de terrain pour des cultures vivrières, prairies fourragères pour les élevages bovins et caprins, production de bois et plantes, la pisciculture, poulaillers et porcheries. De même sur une section abattoir, production de cassaves, mambas, confitures, artisanat, pour dynamiser le commerce et les emplois.
Mais, encore une fois, le financement n’a pas été au rendez-vous et ce grand projet est resté en état de projet.
Centre piscicole de Mirebalais
Suite à l’abandon du site de Thomazeau, nous avons redémarré des activités piscicoles à Mirebalais avec l’aide de SOS Enfants.
Le nouveau site se trouve à 50 km au nord de Port-au-Prince, dans le bas Plateau Central. Le terrain argileux, légèrement en pente, avec un accès d’eau de canaux d’irrigation est propice aux constructions de bassins.
Deux bassins de 300 m² ont d’abord été construits puis 3 bassins en béton pour la production d’alevins. Des cultures maraîchères se sont mises en route avec plantation d’arbres mais les terrains se sont avérés pauvres et les rendements restaient peu importants. Une plantation de bananiers sur un hectare a été mise en place. Alors que la récolte des bananes démarrait, un cyclone violent a arraché presque la totalité des plants.
Le financement s’est interrompu vu les résultats peu encourageants des cultures destinées à une autonomie graduelle du projet.
Plusieurs projets de plan de relance de l’aquaculture et du centre piscicole dans le Plateau Central ont été conçus et présentés par le GRHADD, Groupe Haïtien Authentique pour le Développement Durable, dont Denis en est le Coordonnateur. Ces projets ont reçu l’entier appui du MARNDR, Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural, dont son département de pêche et d’aquaculture, en vue de l’empoissonnement important des plans d’eau du Plateau Central, en particulier.
Ces projets, malgré l’approbation et la volonté du Ministère, n’ont pas reçu l’attention des autorités gouvernementales et sans ces financements, le projet de Mirebalais n’a pu continuer.
Société Sonaprai
Après le séisme de janvier 2010, la population haïtienne vit une situation de misère. Tous les indicatifs économiques sont au rouge. Les investissements se font rares, les exportations sont au plus bas, les importations grimpent, les devises sont en fuite, le PIB régresse, la balance commerciale est déficitaire, l’inflation galope, le chômage s’intensifie, l’insécurité alimentaire et la dégradation de l’environnement hantent les esprits.
C’est dans ce contexte, effleurant le marasme, que va intervenir la SONAPRAI, la Société Nationale de Productions Agricoles et Industrielles, qui a pris naissance en août 2010 dans une petite localité du Bas Plateau Central.
La société a son siège principal à Mirebalais et son siège annexe aux Cayes, inaugurés en 2011, le grand Nord et le grand Sud constituant les deux grands axes d’intervention de la SONAPRAI.
L’objectif de celle-ci est de participer à l’autosuffisance alimentaire du pays en s’accentuant sur la production et l’industrialisation des produits agricoles et la création de nombreux emplois dans le secteur de l’agro-industrie et sa commercialisation.
La société est composée d’une dizaine d’entrepreneurs et d’agronomes-ingénieurs, dont Denis Puthiot en est le Vice-Président au Développement des Affaires. Plusieurs personnalités de renom en font partie. Des quantités de terrains sont à la disposition de la SONAPRAI, en achat, don ou location. De nombreux déplacements dans le Plateau Central et dans le Sud ont permis de localiser les terrains, des réunions avec des organisations locales et des planteurs, des visites de petites entreprises agro-industrielles. Ainsi, de nombreuses collaborations se sont mises route.
La SONAPRAI prépare de nombreux projets concernant :
1- La formation et la communication, la fourniture de services
2- Les exploitations agricoles : plantations de bananes, de canne à sucre, cultures vivrières et maraîchères, sylviculture, floriculture
3- La production animale : pisciculture, pêche, apiculture, le bétail
4- L’exploitation industrielle, transformation et conservation des produits agricoles, la production de nourriture animale, l’artisanat
5- La commercialisation locale et internationale, foires agricoles
6- L’environnement, formation, sensibilisation, l’assainissement, le reboisement, la conservation des sols, l’agro et écotourisme
7- Le génie rural : l’hydrologie, les routes agricoles, lacs collinaires, constructions de bâtiments et glacis
8- La mécanisation agricole : améliorations techniques, importation et location d’outils agricoles, fabrication locale d’outils agricoles et industriels.
Un Plan d’Affaires a été établi sur un exercice de 2011-2016, tenant compte des objectifs, du patrimoine financier, matériel et immobilier, des ressources humaines, des axes d’interventions, des objectifs en cours, à moyen et long terme, les budgets prévisionnels des dépenses et rentrées avec un chronogramme des activités, l’organigramme de la Société.
Ce plan d’affaires très ambitieux était d’application progressive et nécessitait de gros investissements. Il répondait aux besoins du pays.
Pendant cette période post-séisme, de nombreux dons et apports financiers permettaient des investissements importants dans ce secteur prioritaire de développement et d’autosuffisance alimentaire. Plusieurs projets de démarrage institutionnel et de productions agricoles ont été montés et présentés au gouvernement pour les suites nécessaires. Les investisseurs locaux et étrangers étaient intéressés par cette vision ambitieuse de la SONAPRAI, ont permis l’organisation des nombreuses réunions, déplacements, contacts avec des personnes ou organismes ressource, les inaugurations des sièges de Mirebalais et des Cayes. Mais les premiers fonds ne permettaient pas de démarrer activement les productions agricoles.
Les projets sont hélas restés sans réponse, les gouvernements en place plus intéressés avec des projets de proches, plus faciles à contrôler. L’abandon de plusieurs membres, le manque de financement ont découragé les sociétaires et le projet fut abandonné avec le départ à l’étranger de son Président et Initiateur.
De nombreuses tentatives de projets de développement ont été entreprises. Certains n’ont pas vu le jour, d’autres ont pu se développer pendant quelques années mais aucune n’ont pu être pérenne. Cela est beaucoup dû aux difficultés du pays, difficultés de toute sorte, inhérentes aux conditions du pays, climatiques, socio économiques et politiques, notamment les instabilités politiques et de sécurité.
Mais la difficulté majeure reste les sources de financement, les autorités locales ne s’intéressent pas au vrai développement et n’accordent que très rarement des financements à des projets ne venant pas de personnes proches.
Les financements internationaux sont difficilement renouvelés ce qui entraîne leur abandon au bout d’un certain temps. Ce n’était pas faute de persévérance.
A l’aide de FODEP et de tous les participants nous pouvons avoir des actions pérennes.